Doggy Bag - Philippe Djian
Et si une femme pouvait faire l'effet d'un tremblement de terre ?
"Tout commence lorsque Édith entre, sans se faire annoncer, dans le bureau des frères Sollers. À peine ont-ils le temps de la reconnaître, stupéfaits, qu'une onde de choc traverse la ville. Quarante-cinq secondes plus tard, le tremblement de terre cesse, mais l'existence de David et Marc Sollers vient de basculer pour toujours."
Cette intégrale, parue tout récemment, reprend les 6 saisons de Doggy Bag en un seul volume de presque 900 pages, avec en guise d'introduction une présentation des personnages bien utile. Précisons qu'on ne parle pas pour Doggy Bag de tomes ou de volumes mais de "saisons" dans la mesure où cette "série littéraire" est écrite à la façon des séries américaines - une idée novatrice et ô combien intéressante de Philippe Djian, auteur, entre autres choses, de 37,2° le matin pour le plus connu et de Incidences, le dernier en date depuis la rentrée littéraire.
Doggy Bag - en plus d'être un ovni littéraire - a recueilli pléthore de critiques élogieuses, ainsi que le Prix Vaudeville 2007.
Pour plus de commodités, je ferai mes commentaires saison par saison.
La saison 1 est essentiellement une saison d'ouverture qui pose les personnages, l'intrigue, le ton, comme dans une série télévisée classique - comme dans un roman pourrait-on ajouter. Il s'agit de faire le portrait des différents personnages à travers le récit de leur passé, leur mode de vie, leur situation professionnelle mais encore et surtout à travers leurs relations sentimentales et pratiques sexuelles...N'oublions pas que nous lisons du Philippe Djian pour qui cela fait grandement partie de la fiche d'identité du personnage !
Si vous voulez du sexe, chers lecteurs, vous en aurez !
L'auteur brasse différentes générations (des quarantenaires, des sexagénaires mais aussi des paumés d'une vingtaine d'années - ces derniers étant peints sans complaisance, un peu à la Bret Easton Ellis mais en beaucoup plus soft) de sorte à mimer les rapports hiérarchiques, les rapports de pouvoir au sein d'une même famille : la famille Sollers. Les différents points de vue des personnages, qui s'enchaînent, sont appréciables : ils permettent au lecteur d'être réellement en immersion. L'approche narrative est très visuelle - et c'est là un bon point pour un auteur qui veut mimer les techniques de la série TV.
L'intrigue, somme toute classique, repose sur un triangle amoureux qui a le bonheur de s'étoffer au fil de la lecture pour ressembler en effet à une véritable intrigue de série télé, avec force rebondissements, stratégies et coups de théâtre. Le dynamisme est au rendez-vous, même si je reconnais avoir eu un peu de mal à me prendre au jeu au début, surtout parce que Djian cherchait vraisemblablement à enfoncer le clou quant à son intrigue (répétitions maladroites et malvenues/ sentiment pour moi de stagner dans la lecture).
La langue est acerbe et crue, le ton mordant et sarcastique. J'enchaîne sur la deuxième saison qui promet déjà beaucoup vu les jalons posés à la fin de la première (le fameux effet "cliffhanger"...)
La saison 2 : en pleine lecture...